Synchronisation des chaleurs L’interdiction des oestrogènes peut remettre en question son intérêt
Les nouveaux protocoles devront prouver leurs bons résultats, au risque de rendre la synchronisation des chaleurs beaucoup moins intéressante pour les éleveurs allaitants.
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Depuis le mois d’octobre dernier, les oestrogènes ont été interdites par la Commission européenne et les protocoles de synchronisation des chaleurs ont du être totalement revus pour ne pas employer ces hormones.
30 à 70% des vaches allaitantes présentent une absence de cyclicité en hiver (© Web-agri) |
Meilleurs résultats de 50%
Dans la nouvelle configuration, seuls deux dispositifs vont intéresser les éleveurs allaitants, qui sont confontrés pendant l‘hiver à une absence de cyclicité chez 30 à 70% des vaches. « Le taux, parfois très élevé d’anoestrus, surtout en hiver, ne permet que l’utilisation des spirales vaginales ou les implants auriculaires avec des résultats plus aléatoires qu’en système laitier où les autres protocoles peuvent être utilisés », présente Marc Aubadie-Ladrix, praticien dans le sud ouest (1). Toutefois, le laboratoire Intervet qui commercialise les implants assure que le taux de réussite de la synchronisation et de la gestation avec les implants auriculaires serait aussi bon dans le nouveau protocole sans œstrogènes que dans l’ancien. Intervet avait présenté une communication à ce sujet lors des rencontres recherches ruminants de décembre 2005. « Le traitement combinant l’implant avec une injection de buséreline (agoniste de GnRH) à la pose produit une bonne synchronisation permettant une insémination à temps fixe », délivre S. Barreteau (2), ajoutant que les fertilités obtenues après utilisation de ce traitement sont identiques à celles de l’ancien traitement. Et de conclure sur la nécessité de l’adjonction d’un composé comme le GnRH à un traitement à base de progestérone/progestagènes pour pour limiter le développement des follicules persistants chez les femelles non cyclées.
« Les résultats annoncés par les fabricants sont plutôt encourageants sachant que les efficacités sont meilleurs sur les vaches laitières », souligne Marc Aubadie-Ladrix. « Nous manquons toutefois de recul de terrain sur les protocoles actuels. Ma première impression sur mon secteur, qui n’a aucune valeur statistique, semble donner des taux de résultats à peu près similaire avec les implants. Mais il faut savoir qu’avec les anciens protocoles, nos meilleurs taux de réussite étaient de 50%, ce qui n’est pas beaucoup, avec des variations très fortes selon les élevages et les régions. Chez certains éleveurs on arrive à 90%, sans que l’on connaisse précisément les facteurs discriminants. Et nous avons observé que les Limousines et Charolaises répondent plus favorablement à la synchronisation des chaleurs que les femelles de race Blonde d’Aquitaine. »
Le constat global dans le sud ouest est celui d’une baisse de la pratique de la synchronisation des chaleurs et de l’IA (insémination artificielle) en élevage allaitant. « Dans notre région en élevage allaitant, il se fait moins de synchronisation des chaleurs qu’il y a deux ans, et il se fait également de moins en moins d’IA. Sur génisses, la synchronisation des chaleurs permettait pourtant une IA très intéressante au plan de l’amélioration génétique. »
Le praticien précise que depuis deux ans, les inséminateurs utilisent des protocoles sans oestrogènes et que si les éleveurs ont constaté une baisse de l’efficacité, cela peut en partie expliquer cette désaffection pour la synchronisation des chaleurs.
Se donner les moyens de la réussitePour optimiser les chances de réussite d’un protocole de synchronisation des chaleurs en élevage allaitant, Marc Aubadie-Ladrix, praticien dans le sud ouest met en avant la nécessité pour l’éleveur de se donner les moyens a la fois alimentaires mais aussi techniques. La nutrition énergétique conditionne en effet la réussite. En élevage allaitant, la seule note d’état permet de décider de la date de la mise à la reproduction : plus de 2,5 pour les multipares et 3 pour les primipares. « Nous pouvons recommander un flushing avant la mise en place du protocole s’il a lieu en hiver, accompagné d’une cure de vitamines et d’oligo éléments. Si les vaches ont le veau, il vaudra mieux supprimer la tétée partiellement ou complètement. Mais il faudrait également se donner les moyens techniques de réussir », soulève le vétérinaire. Il regrette que les éleveurs n’acceptent pas plus souvent que le vétérinaire pratique un examen de l’appareil génital des femelles avant d’engager un processus de synchronisation des chaleurs. « L’examen vaginal est la meilleure voie de détection des métrites qui concernent tout de même près d’une femelle sur 5. Un examen permet de vérifier la reprise de l’activité ovarienne qui va permettre d’orienter vers le choix de tel ou tel protocole. Sachant que le premier facteur de réussite des processus de synchronisation des chaleurs est la reprise de la cyclicité après le vêlage », rappelle Marc Aubadie-Ladrix. |
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